| Éditorial Bilan de l'année 1999 |
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Par Gaston Arel, Président de la FQAO On pourra dire que 1999 fut une année vraiment exceptionnelle dans le monde l'orgue. Depuis janvier, la France célèbre avec éclat le grand facteur d'orgues du 19e siècle, Aristide Cavaillé-Coll, par d'innombrables concerts et manifestations de toutes sortes à travers le pays. C'est un fait connu que la maison Casavant Frères a importé pendant un certain temps ses jeux d'anches de la firme française dès le début de sa fondation en 1885. On retrouve encore aujourd'hui un certain nombre de ces jeux à l'orgue de la basilique Notre-Dame de Montréal et à celui de la cathédrale de Saint-Hyacinthe pour ne mentionner que ceux-là. À l'exeption d'un colloque donné dans le cadre du congrès de l'Organ Historical Society, tenu à Montréal en août dernier, cet anniversaire est passé presque sous silence au Québec. Par contre, à la lecture des comptes rendus que je vous invite à prendre connaissance dans ces pages, vous constaterez que le Québec a connu, en cette fin de siècle, une activité organistique plutôt exceptionnelle. Outre le congrès de l'OHS précédemment mentionné et le congrès CRCO à Hamilton, Ontario tenu un mois plus tôt, où plusieurs de nos organistes ont été invités à y participer, la liste est longue. Mentionnons l'Académie estivale d'orgue de McGill; le Festival des couleurs autour de l'orgue Casavant récemment restauré à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus; le Festival des couleurs de l'orgue français que notre ami Yves-G. Préfontaine organise depuis cinq ans sur le remarquable instrument Guilbault-Thérien du Grand Séminaire de Montréal et l'Académie d'orgue et de clavecin de Rimouski. Pour terminer, je m'en voudrais de passer sous silence l'hommage que la FQAO a rendu à l'éminent organiste Bernard Piché lors de notre 5e congrès annuel. Ce congrès, superbement organisé par une équipe de Pro Organo Mauricie, sous la direction de Gilles Rioux, a connu un succès sans précédent. Toutefois, 1999 aura été assombrie par le décès d'un grand ami de l'orgue, J.-Guy Roy. À la suite de ce départ fortuit, notre secrétaire, Antoine Leduc, envoyait ce qui suit à mon nom personnel et au nom de tous les membres de la FQAO: " Son décès nous attriste profondément. En fait, veuillez croire que le monde de l'orgue au Québec est présentement en deuil et qu'il ne sera plus même avec sa disparition. Son enthousiasme, sa grande culture, sa bonhomie et son franc parler sont autant de traits de sa personnalité qui nous manqueront au cours des années à venir. Nous tenons à saluer le travail de pionnier accompli par monsieur Roy, entre autres par la publication de son Inventaire des orgues du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et par son implication constante et soutenue au sein des Amis de l'orgue de la même région. La FQAO est très reconnaissante du rôle qu'il a joué dans les diverses facettes de son implication. Que notre ami repose maintenant en paix". Et la vie continue... En l'an 2000 on commémorera un peu partout dans le monde, le 250e anniversaire de la mort de Jean Sébastien Bach et plusieurs de nos associations ont déjà inscrits des activités à cet effet. Pour la FQAO, notre rendez-vous important sera celui de La rencontre du siècle lors du congrès conjoint FQAO / RCCO qui se tiendra à Québec en juillet prochain. Nous espérons que vous y participerez au grand nombre. |
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| Un maître méconnu: Bernard Piché (3e partie: Témoignages) par Claude Thompson |
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Mgr. Claude Thompson, organiste, compositeur, et directeur des Petits Chanteurs de Trois-Rivières de 1956 à 1998, est président de la Fédération des Pueri Cantores du Québec depuis 1983 (année de la fondation).
Je me souviens être allé parfois, dans les années 40, entendre pratiquer monsieur Piché à la cathédrale. Il y passait quotidiennement de longues heures et les autorités de la paroisse semblaient n'y voir aucun inconvénient. Au contraire, les fièles qui, pendant la journée, entraient dans la cathédrale pour y faire une prière individuelle, y trouvaient sans doute un soutien musical à leurs méditations. Mais un souvenir qui me hante encore davantage est celui d'avoir assisté à l'une de ces grandioses pontificales où la musique avait un rôle quasi indispensable. En effet, le cortège qui accompagnait l'évêque à l'entrée était imposant: jeunes garçons en soutanes multicolores, grands servants, prêtre, chanoines, prélats. D'ailleurs, c'est au trône que l'évêque devait revêtir les ornements pour la messe. Ce rite d'entrée pouvait facilement durer de 15 à 20 minutes et l'on n'aurait pas imaginé tout ce déploiement sans musique. Aussi l'organiste avait tout le loisir de jouer par exemple tout un mouvement de l'une de ces grandes symphonies pour orgue qui étaient alors au répertoire des organistes bien formés. À l'Offertoire, à la Communion ou à la sortie, on avait encore de belles occasions de faire entendre le grand répertoire. Et les gens le désiraient vraiment, n'étant sans doute pas tout à fait conscients de la chance qu'ils avaient de pouvoir entendre de si belles choses. En 1941, J.-Antonio Thompson fonde son chœur mixte, événement remarquable pour la région, car les mœurs ecclésiastiques de l'époque voyaient d'un assez mauvais œil la présence de voix féminines dans les tribunes. Le Congrès eucharistique de 1941 fut l'occasion pour la chorale de mon père de faire connaître un répertoire à voix mixtes tout à fait en harmonie avec les exigences liturgiques. L'abbé J.G. Turcotte, maître de chapelle au Séminaire et grand animateur de la vie musicale à Trois-Rivières, fut lui aussi très actif durant durant ce congrès et Bernard Piché, pour lequel l'abbé Turcotte et monsieur Thompson avaient la plus grande admiration, devint l'organiste idéal pour ce genre de manifestation. On avait alors à Trois-Rivières un triumvirat célèbre Piché-Thompson-Turcotte. Et j'arrive maintenant à un autre souvenir de mon adolescence, cette fois en tant qu'étudiant en musique. Monsieur Piché, qui avait été médaillé d'or de l'Académie de Musique de Québec et plus tard Prix d'Europe (1932), était appelé parfois à faire partie du jury pour les examens de cette vénérable institution dont le but était d'encourager l'enseignement privé de la musique instrumentale. Or, lorsqu'en 1943 (j'avais 16 ans) j'ai passé mon diplôme «Supérieur» en piano, monsieur Piché faisait partie du jury. Je n'oublierai jamais sa gentillesse et ses mots d'encouragement. Comme plusieurs mélomanes à cette époque, j'avais été ébloui par sa performance dans ce très beau documentaire tourné pour la Maison Casavant par l'Office national du Film (1945). On y voyait monsieur Piché jouer des extraits de pièces difficiles avec une virtuosité étonnante et ce qui m'avait particulièrement fasciné dans ce reportage, moi qui commençais alors des études d'orgue, c'était de voir l'artiste manier le pédalier avec autant d'agilité. Tout cela était le résultat d'un travail long et soutenu qui ne pouvait qu'amener les jeunes à prendre très au sérieux les apprentissages nécessaires à une carrière de musicien. Plus tard, j'aurai l'occasion de rencontrer quelquefois monsieur Piché, lorsque, revenu à Trois-Rivières (1966), il avait repris du service comme professeur au Conservatoire nouvellement fondé. La même année, je fondais l'École des Petits Chanteurs qui devait permettre à nos jeunes d'atteindre une maturité dans le chant choral à laquelle je ne pouvais songer les années précédentes. J'ai eu parfois la joie de savoir monsieur Piché présent à l'un de nos offices à la cathédrale ou à l'un de nos concerts. Toujours accompagné de son épouse (Fabienne Arcand) dont le sourire était si accueillant, il manifestait la même générosité en encourageant chaleureusement les musiciens d'une autre génération. Un autre événement qui m'a particulièrement touché, c'est la participation de monsieur Piché, comme organiste, au concert donné à la mémoire de J.-A. Thompson, en mars 1975, un an après la mort de ce dernier, en l'église Notre-Dame-des-Sept-Allégresses où monsieur Thompson a été organiste pendant 58 ans. Les Petits Chanteurs avaient interprété à ce concert Les Sept Paroles du Christ, oratorio de J.-A. Thompson, et monsieur Piché avait joué quelques pièces d'orgue, dont une œuvre de monsieur Thompson. Je garde de ce sympatique musicien le souvenir d'un homme charmant, simple, humble et généreux. D'ailleurs, durant mes études en Europe et au cours de ma carrière, j'ai toujours remarqué que ce sont des qualités que l'on rencontre presque inévitablement chez les plus grands. |
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| Nos organistes-compositeurs: Gilles Rioux par Michelle Quintal |
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« J'encourage toute personne qui a envie d'écrire de le faire, non pas pour être en concurrence avec tous les chefs-d'oeuvre qui nous entourent et nous asphyxient, mais plutôt pour réagir, pour dire que nous aussi avons le droit d'exister même à un autre niveau... Je trouve très bien que des jeunes se mettent à écrire et à jouer leurs propres oeuvres », me confiait Lionel Rogg lors d'une interview qu'il m'accordait en 1988, pour la revue Sonances. C'est ce que fait Gilles Rioux, compositeur autodidacte.
À cette époque, de 11 ans son aîné, il étudiait le piano avec soeur Georgette Deschênes, r.s.r.. Il admirait beaucoup son frère Michel qui osait improviser à l'orgue de Sainte-Agnès à Rimouski, et possédait une immense discothèque qu'il lui transcrivait sur cassettes. C'est pourquoi, lorsqu'il est arrivé à l'âge de 15 ans, à sa première leçon d'orgue à Rimouski avec soeur Pauline Charron, r.s.r., il connaissait une grande partie du répertoire de cet instrument. « Audacieux, déterminé, persévérant », tel le définit son premier professeur d'orgue à qui il doit beaucoup. Il a mis les bouchées doubles en piano et en orgue, raflant ainsi les premières places aux concours de musique du Québec et du Canada, gagnant par le fait même les bourses rattachées à ces concours. Admis dans la classe d'orgue de Gaston Arel au Conservatoire de musique de Montréal, il en sort en 1988 avec un premier prix d'orgue tout en ayant eu, par deux fois, des mentions spéciales du jury au concours John Robb, et ce, deux années consécutives. En 1992, il remporte à l'unanimité le premier prix de 15 000$ du concours d'orgue Claude Lavoie (devenu plus tard le Concours d'orgue de Québec) ce qui lui vaut une tournée de concerts au Québec. À partir de 1985, titulaire des orgues de l'église Saint-Alphonse-d'Youville à Montréal, il devient en 1989, titulaire des orgues de la basilique Notre-Dame-du-Cap. Les cours d'harmonie qu'il a suivis au Conservatoire de Montréal avec Gaston Arel ainsi que les cours d'improvisation qu'il a suivis avec Raymond Daveluy l'ont mené à la composition.2 Il a écrit, depuis 1988, plus de vingt oeuvres pour diverses formations dont sept pour orgue solo de concert (totalisant plus d'une heure de musique) et treize où l'orgue joue un rôle important. Deux de ces oeuvres sont éditées: Variations sur « Joseph est bien marié » et Quatre psaumes chez Novalis. De plus, il a fait six transcriptions pour orgue (« Je choisis des oeuvres connues qui me plaisent et j'essaie de les adapter à l'orgue, de les rendre jouables tout en respectant la version originale. C'est un travail très formateur...») et 11 arrangements pour différents instruments. Il est maintenant responsable de la musique pour les animateurs de la basilique. Ayant toujours aimé chanter, il fait partie, à Cap-de-la-Madeleine, de Troup'adour, ensemble vocal qui interprète la musique du Moyen Âge et de la Renaissance. La fréquentation de cette musique l'a inspiré entre autres pour la Fantaisie sur « O Filii et Filiae ». Le contact presque quotidien avec les 75 jeux, trois claviers, de l'orgue Casavant électro-pneumatique de la basilique du Cap transparaît dans Choral symphonique, Fantachorus, Rondo et Fugue, Ode Rigodon à Jean-Baptiste où les registrations sont indiquées. « Oeuvres qui représentent un certain défi, mais qui sont accessibles, je ne fais pas exprès pour qu'elles soient difficiles », avoue-t-il. Cette musique tantôt espiègle, tantôt grinçante, tantôt narquoise, qui exprime la colère, l'ironie mais aussi la jubilation a été enregistrée par le compositeur sous le titre Fantachorus pour Disques Celest. Bientôt sera publié, à compte d'auteur, un recueil d'harmonisations de chants de Noël pour quatre ou cinq voix mixtes avec un accompagnement d'orgue, qui seront interprétées par les Petits Chanteurs de Trois-Rivières à l'hiver 1999. Seront aussi publiées à compte d'auteur, dans un avenir prochain, les oeuvres et transcriptions pour orgue. Triade (pour orgue solo) Une triade se définit comme un regroupement de trois éléments qui n'ont pas de rapport entre eux. Les trois sections de l'oeuvre, fort différentes, n'en forment pas moins un tout homogène. Saga s'apparente, malgré sa forme libre, à un premier mouvement de sonate avec ses deux thèmes et son développement. De caractère modal, cette première partie introduite par une seule note, tenue puis trillée, crée un climat de tension. Dans le développement, une écriture virtuose exploite cette tension pour la rendre encore plus fébrile et plus dense. Le mouvement se termine dans le même climat qu'au début, voulant exprimer une sorte de résignation face au destin. Réminiscence, trio à l'image des mouvements lents des sonates de J.S. Bach, dégage une douce nostalgie par son écriture chromatique. Quant au final, Élévation, il s'agit d'une toccata symphonique dans laquelle un motif rythmique en superposition progressive de quintes nous conduit au deuxième thème, plus lyrique. Après une montée en crescendo, le motif rythmique se marie au thème lyrique pour conclure avec grandeur et puissance. Variations sur « Joseph est bien marié » (pour orgue solo) Cette pièce illustre bien l'efficacité de la forme de la variation à l'orgue. Conçue pour grand orgue, cette pièce est basée sur un vieux Noël populaire français et comporte sept variations. À l'énoncé du thème sur le cromorne, on remarque quelques altérations inattendues sur les deuxième et cinquième degrés, qui créent un effet d'humour tout au long des variations. Les première (duo entre cornet et cromorne), deuxième (tierce en taille) et cinquième variations (basse de trompette) prennent leur source chez les maîtres anciens français et s'opposent aux troisième (plein jeu), quatrième (canon à la quarte), sixième (statique) et dernière (grand jeu avec thème à la pédale) qui font davantage référence à l'esprit symphonique. Variations sur « Joseph est bien marié » est édité chez Lissett Publications à Calgary. Fantachorus (pour orgue solo) Fantachorus, sorte de fantaisie sur un thème original de choral, s'étale sur cinq sections où le thème omniprésent en impose par sa simplicité. Après l'énoncé du thème sur la Montre du Positif, un court épisode nous amène à la seconde section, dans laquelle le choral est superposé à son augmentation sur un fond de notes répétées entre le Grand Orgue et le Positif. Vient ensuite un plain-chant en taille à cinq voix dans une harmonie plus serrée qui nous conduit à un mouvement rapide (2 x 7/8) avec le thème à la pédale. L'oeuvre se termine par un mouvement lent où chacune des quatre phrases du choral traitée en imitation sur la Voix humaine du Récit, nous conduit à un climat de paix avec un solo de flûte. Rondo et fugue (pour orgue solo) Rondo et Fugue est une oeuvre très classique autant par sa forme que par son langage. Dans le Rondo, un thème original varié alterne avec un refrain aux effets espiègles. Ce thème, ainsi que la plupart des variations, est confié au pédalier. Le même thème sert ensuite de sujet à une Fugue à quatre voix conduisant à un crescendo pour produire un effet de carrousel. Cette Fugue conclut avec majesté sur le thème en valeurs longues à la pédale. La première de Rondo et Fugue a été donnée en 1991, lors du 8e Congrès annuel de la Fédération Francophone des Amis de l'Orgue, par Noëlla Genest à l'orgue de la basilique Notre-Dame-du-Cap. Choral symphonique (pour orgue solo) Choral symphonique est, comme son titre l'indique, une pièce romantique pour grand orgue. Inspirée des Trois Chorals de César Franck, l'oeuvre se veut un hommage au célèbre compositeur. D'une grande complexité harmonique et technique, ce choral débute par une introduction dramatique. Le thème, modulant, est entonné par le Cornet, tel une dentelle, puis joué à quatre voix sur la Voix humaine. Un long crescendo s'amorce alors sur un feu roulant, nous amenant à un premier sommet. Après un autre épisode sur la Voix humaine, un second souffle s'empare du thème pour nous conduire au véritable sommet de la pièce où chamades et double-pédales soutiennent le choral joué sur de grands accords. La coda, nerveuse, conclut enfin sur le tutti de l'orgue dans un sentiment de triomphe. Choral symphonique a été créé par Catherine Todorovski, lors de la saison 1992 des Récitals d'été de la basilique Notre-Dame-du-Cap. Fantaisie sur « O Filii et Filiae » (pour quatuor vocal et orgue) Écrite en janvier 1999, cette oeuvre pour quatre voix d'hommes et orgue, dédiée au quatuor Da Capo, débute par une importante introduction, empreinte de mystère, construite sur la tête du thème. L'oeuvre exploite l'ambiguïté harmonique des modes majeur et mineur, créant un effet de surréalisme. Une première strophe est confiée au ténor, puis après, une deuxième aux voix d'hommes a capella. Un motif rythmique de l'orgue nous amène ensuite à la troisième strophe où le rythme ternaire du chant s'oppose au binaire de l'accompagnement. La quatrième et dernière strophe, plus développée, exploite une écriture en quartes et quintes consécutives, rappel du Moyen Âge où le thème confié à la basse, soutient les autres voix qui exultent par des alléluias. Cette oeuvre a été transcrite pour orgue solo par Gilles Rioux. Ani Couni (pour orgue et instrument à vent) Ani Couni est basé sur le folklore amérindien du même nom. Sur une basse obstinée, le thème est d'abord joué en canon par la Clarinette et le Cromone. Un second thème, découlant du premier, sert de prétexte à un développement plutôt mouvementé où dialoguent la clarinette et l'orgue. Au lyrisme de l'oeuvre, s'ajoutent des effets rythmiques binaires contre ternaires (deux contre trois et trois contre quatre) qui donnent à celle-ci un côté incantatoire. Suite à une cadence de la clarinette, la basse expose une dernière fois le thème sur un motif d'arpèges à l'orgue et un ruban de doubles croches à la clarinette. Cette fantaisie se termine par un épisode méditatif où, peu à peu, l'angoisse fait place à la quiétude et à la paix dans l'esprit même de la berceuse iroquoise. La première de cette oeuvre eut lieu en mars 1993, au Collège de Trois-Rivières, par le compositeur et Douglas Kirk au cornet à bouquin. Poème symphonique (pour cuivres, percussions et orgue) Subventionnée par le Conseil des Arts et des Lettres du Québec, cette oeuvre, qui utilise trois thèmes folkloriques et un thème grégorien, fut écrite à l'occasion du 25e anniversaire de Pro Organo (Mauricie) et est dédiée aux Ursulines de Trois-Rivières qui célébraient en 1997, leur 300e anniversaire de présence en Mauricie. Les Trois-Rivières, est une fantaisie en forme de premier mouvement de sonate sur les folklores J'entends le moulin et Papillon, tu es volage. Suite à une introduction sur un motif de toccata, J'entends le moulin est exposé en canon par les cuivres dans une mesure à quatre temps en opposition à l'orgue et aux timbales qui continuent le motif initial à trois temps. Papillon, tu es volage est exposé à l'orgue puis repris par les cuivres. Un développement modulant conduit à un long crescendo pour conclure avec la réexposition finale des deux thèmes juxtaposés. Le deuxième mouvement, construit exclusivement sur le thème grégorien Regnum mundi, se veut une évocation de la sérénité qu'apporte l'abandon à Dieu. Cette hymne grégorienne, que les Ursulines chantaient lors de la prise d'habit et de leur profession, peut se résumer comme suit: « Le royaume du monde et les ornements du siècle, je les ai rejetés par l'amour de mon Seigneur Jésus Christ ». Le thème est d'abord confié à la première trompette, puis graduellement à l'ensemble des cuivres. Un épisode plus mouvementé, symbolisant le doute, nous amène au sommet de la pièce. Le mouvement se termine dans le même climat de paix qu'au début. Reel fugué, troisième mouvement, est en fait une double-fugue. La première fugue à quatre voix, confiée à l'orgue, se trame sur la tête du thème du deuxième mouvement dans une écriture plutôt conventionnelle, contrastant avec la seconde fugue, confiée aux cuivres, ayant pour thème la Gigue de l'aveugle (gigue qui était jouée en 1869 par Forget, un mendiant aveugle, au pied de la colonne Nelson, sur le grand marché de Montréal), qui se construit sur une base harmonique plus osée: la fin du thème introduisant la réponse à la tierce mineure ascendante. Une opposition entre les cuivres et l'orgue dans les divertissements aboutit à la double-fugue proprement dite où les deux thèmes s'enchevêtrent pour ne former qu'un tout. Elle se termine par une cadence sur le tutti de l'orgue à laquelle les cuivres viennent mettre un point final. Ode Rigodon à Jean-Baptiste (pour soprano solo, choeur et orgue) Cette oeuvre, dédiée à Michelle Quintal, est écrite à la mémoire de Bernard Piché. Dans le premier mouvement, La Promesse, un court prélude d'orgue symbolise l'attente du peuple hébreux. Puis, l'ange Gabriel (soprano solo) annonce à Zacharie la naissance de Jean tout en lui reprochant son incrédulité. L'orgue joue ensuite un court intermède exprimant, dans l'esprit d'un certain figuralisme, les sentiments de Zacharie devenu muet. Vient ensuite une chaconne sur le nom de B.E.R.N.A.R.D. P.I.C.H.É. où les huit voix du double choeur et l'orgue expriment l'espérance du peuple hébreux. Utilisant le même thème, La Lumière est une véritable jubilation où, après un fugato à l'orgue, le choeur, cette fois à quatre voix, est soutenu par un accompagnement en mouvement perpétuel de toccata, réminiscence des rigodons québécois. (Claude Thompson) Renouant avec la tradition des organistes compositeurs, Gilles Rioux qui se définit comme un musicien postromantique, utilise les modes grégoriens (Fantaisie sur O Filii et Filiae, Saga, Fantachorus), le folklore (Ani Couni, Ode Rigodon, Poème symphonique) et le minimalisme (Saga) pour exprimer son univers intérieur.
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| Organiste au service des pèlerins: Gilles Rioux au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap par Hervé Aubin |
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Gilles Rioux est titulaire de l'orgue Casavant de la basilique Notre-Dame-du-Cap depuis dix ans. Les amateurs de musique d'orgue connaissent ses talents de compositeur et d'improvisateur. Il sera ici question de lui comme organiste « liturgique », c'est-à-dire, comme musicien au service des gens réunis en prière dans ce lieu de pèlerinage. Voyons donc comment il met son talent au service de l'action liturgique. Je lui donne la parole, en conservant le style parlé de ses interventions. « Le temps de la communion est un des moments les plus forts de la célébration. Le temps où les participants entrent en eux-mêmes. C'est pour moi un moment important, un moment d'intériorité. Le plus souvent, je vais improviser dans des styles divers. J'utilise ordinairement un langage harmonique assez simple, pour faire quelque chose qui chante, ayant toujours en tête de créer un climat qui favorise l'intériorisation. Pas de mouvements rapides ici. Je préfère une musique simple, dépouillée même. Quelque chose d'englobant. J'ajouterai des variétés de timbres, des recherches harmoniques, bien sûr. Je jouerai un peu avec le volume, mais en m'en tenant à quelque chose d'assez doux. On le voit, Gilles Rioux utilise un langage harmonique accessible à une assemblée de tout venant, et vise à « être compréhensible par les professionnels et par la foule », pour reprendre une expression de Musset. À Notre-Dame-du-Cap, nous accordons une grande importance au chant de l'assemblée. Nous disons spontanément la « foule ». Car il y a souvent foule. Ici comme ailleurs, les intervenants, qu'ils soient célébrant, animatrice ou animateur de chant, musicien, etc., se doivent d'être au service de l'assemblée liturgique.
Gilles Rioux nous parle maintenant de son rôle d'organiste accompagnateur. « Pour accompagner le chant d'une assemblée, je pense qu'il faut s'en tenir à des harmonies de base simples, auxquelles on peut, bien sûr, ajouter des choses. Car la foule semble aimer une harmonie pas trop complexe, pas trop avant-gardiste. Si un chant est très connu, on pourra se permettre d'oser un peu: comme ils connaissent bien le chant, les gens savent où ils s'en vont. Mais dans le cas d'un chant moins familier, une harmonie simple aidera la foule en rendant plus saisissable la marche de la mélodie. Un lieu de pèlerinage comporte des défis particuliers pour le chant liturgique. En haute saison surtout, nos assemblées sont formées de pèlerins venant de lieux divers: le répertoire « commun » est nécessairement limité. Encore davantage, s'il s'agit de célébrations rassemblant des gens de langues différentes. La participation de la foule se limite alors à quelques refrains, en latin surtout. Les mêmes choses reviennent souvent. C'est le cas aux marches de prière aux flambeaux, qui sont généralement animées en plus d'une langue. On pourra, dans ces occasions, chanter dix ou quinze couplets de l'Ave Maria de Lourdes, par exemple. Gilles Rioux nous dit comment il relève le défi. « Si on répète dix fois de suite une harmonisation toute faite d'avance, avec le même court interlude à tous les deux refrains, ça risque de devenir monotone. Lors de grandes fêtes et de circonstances particulières, l'organiste de Notre-Dame-du-Cap a l'occasion de travailler avec des chorales. C'est sûrement une joie pour lui d'accompagner des choses plus élaborées. Il sait faire les deux. Accompagner des œuvres d'envergure et accompagner aussi avec bonheur Tu es mon berger, ô Seigneur. Gilles Rioux a le souci de faire quelque chose de beau. De promouvoir la qualité de la musique liturgique dans nos célébrations, tout en ne sacrifiant rien de la participation de la foule. Il nous stimule dans cette voie, mais il sait le faire avec délicatesse et patience... Je ne sais s'il connaît les propos de Michel Chapuis sur l'accompagnement du chant de l'assemblée liturgique, mais en pratique, c'est ce qu'il fait. « L'assemblée conditionne ma façon de jouer. Je proportionne le premier couplet d'après l'intensité des voix, puis, vers la fin, si les gens sont vraiment entraînés, je fais un crescendo. |
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| Congrès FQAO 1999 - Mauricie par Suzanne Bellemare |
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Compte-rendu du 5e congrès annuel de la FQAO tenu à Cap de la Madeleine et Trois-Rivières les 16 et 17 Juin 1999 ![]() Photo prise lors de la conférence de presse annonçant le congrès FQAO en Mauricie. Dans l'ordre, de gauche à droite: Mgr. Claude Thompson, Gaston Arel, Gilles Rioux, Paul-André Bellefeuille, Michelle Quintal, Domonique Colas. Bravo aux organisateurs de ces deux journées qui ont su concilier travail, musique et détente tout en respectant un horaire chargé. Après la période d'inscription, nous nous rendons à la tribune de l'orgue de la Basilique de Notre-Dame-du-Cap pour une conférence-concert autour du Manuscrit des Augustines de Vitré. Raymond Perrin, professeur d'orgue au Conservatoire de Trois-Rivières est le conférencier invité, assisté de son élève, Philippe Bournival, qui nous fera une petite démonstration de ses dons d'improvisateur. Parlons de ce manuscrit découvert en France par Pierre-Michel Bédard, organiste et compositeur québécois, qui fut l'élève de Bernard Piché à Trois-Rivières. Pierre-Michel est établi à Tours depuis quelques années. Ce manuscrit contient une soixantaine de très courtes pièces d'orgue du XVIIIe siècle français. Il provient du monastère de Vitré (Bretagne) dont la fermeture fut décrétée en 1975. M. Bédard en fit l'acquisition lors d'une vente aux enchères. En après-midi eut lieu l'assemblée générale annuelle, suivie de la conférence sur « la vie organistique dans le Canada anglophone ». M. Graham Hunter, organiste et éditeur de Calgary nous a sensibilisés aux problèmes qui se vivent dans sa région. Comparable à ce qui se passe ici: assistance réduite aux concerts, soutien financier déficient, enthousiasme mitigé de la communauté culturelle. Le fait que les orgues soient installés dans des lieux de culte est souvent un handicap pour la présentation de concerts. Pour remédier au problème, il travaille actuellement à l'obtention d'une salle de concert pourvue d'un grand instrument. Un concours d'orgue est organisé aux 4 ans à Calgary. M. Hunter souhaite des échanges dans l'avenir entre le Québec et Calgary. Le Livre d'orgue de Bernard Piché, dont le lancement aura lieu au cours de la soirée, est publié chez Lissett Publication, maison d'édition, dirigée par Graham Hunter. L'événement marquant du congrès fut le concert hommage à Bernard Piché qui avait lieu à la Basilique Notre-Dame du Cap. Nous avons entendu successivement les Petits Chanteurs de Trois-Rivières et la Maîtrise du Cap sous la direction de Paul-André Bellefeuille, Claude Beaudoin et Mgr. Claude Thompson, accompagnés à l'orgue avec brio par Michelle Quintal. Concert mémorable à tous points de vue devant une assistance nombreuse et enthousiaste. On procédera au lancement du disque Orgue et chant sacré en Mauricie tome 2, chez ATMA ainsi que du Livre d'orgue de Bernard Piché, chez Lissett publications. On sait que Bernard Piché fut titulaire de l'orgue de la Cathédrale de Trois-Rivières de 1931 à 1945. Le programme du concert était axé sur la musique composée par les organistes qui se sont succédé à cette tribune, soit Bernard Piché, Marcel Thompson, Pierre-Michel Bédard, Gilles Desrochers, Claude Beaudoin, Raymond Perrin. Eut lieu la création de Ode-Rigodon à Jean-Baptiste pour choeur et orgue de Gilles Rioux, dédié à Bernard Piché. Après le concert, un cocktail fut servi pour nous permettre d'échanger avec les musiciens. La 2e journée du congrès a commencé à la chapelle des Ursulines par un récital de la soprano Suzanne Julien o.s.u. et de l'organiste Martin Brossard (maîtrise à l'université Laval). Une oeuvre de Hildegarde von Bingen ouvre le récital suivie de motets à la Vierge et de pièces d'orgue. A noter: ces mélodies, datant de 1675-1725 furent découvertes chez les Ursulines de Québec. La mélodie est accompagnée d' une basse chiffrée seulement car on croit que l'accompagnement se faisait à la viole de gambe à l'époque. Martin Brossard a improvisé les accompagnements à partir de ces basses chiffrées. Après ce court récital, visite du Musée des Ursulines et vente de partitions et CD d'organistes québécois. On s'embarque sur Le Draveur pour une croisière sur la rivière St-Maurice, question de se détendre et d'échanger entre nous. Le dîner sera servi à bord du bateau. Pour clôturer, une conférence sur Bernard Piché par Michelle Quintal et ses invités au Musée de Trois-Rivières. Madame Piché, hospitalisée depuis peu, n'a pu être présente pour nous communiquer son témoignage. Projection d'un vidéo, Le vent qui chante, sur les acticités de la maison Casavant où Bernard Piché joue les orgues de la Basilique Notre-Dame de Québec en 1945, exposition de partitions et documents ayant appartenu à Bernard Piché, témoignages d'élèves de Bernard Piché. Ce fut un musicien accompli, organiste virtuose, pédagogue émérite et pour ceux qui l'ont cotoyé, un homme charmant et accueillant. On termine par l'audition de la « Prière » de César Franck enregistrée par la SRC en 1976 à la Basilique Notre-Dame-du-Cap avec l'organiste Bernard Piché. Une splendeur! |
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| Hamilton: Festival canadien d'orgue par Michelle Quintal |
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Au printemps dernier, par l'intermédiaire de Mixtures, j'ai appris que le congrès national du Collège royal canadien des organistes aurait lieu à Hamilton, du 19 au 23 juillet. Deux ateliers sur la musique canadienne et la présence de concertistes québécois talentueux m'ont incitée à participer à ce congrès d'autant plus que mon agenda estival me le permettait. Les repas étant inclus dans les frais d'inscription, ce voyage convenait à mon budget. « Yours to discover » peut-on lire sur les plaques d'immatriculation des véhicules ontariens: 261 participants venant des dix provinces du Canada et des États-Unis dont 199 du Canada et 10 du Québec étaient inscrits. Ce congrès se voulant un festival canadien d'orgue, le comité organisateur sous la direction de Simon Irving, s'était donné la peine de traduire en français toute la documentation, ce que j'ai apprécié et ce dont je les ai félicités. Ce fut quand même un choc culturel et une belle occasion de perfectionner ma connaissance de la langue anglaise, peu de gens s'adressant à moi en français. Je n'ai pas pu suivre tous les ateliers, mais trois d'entre eux m'ont particulièrement inspiré: celui sur la musique d'orgue canadienne donné par Gertrude Olford. Celle-ci a terminé sa démonstration en jouant un extrait de Variations sur In dulci jubilo de Denis Bédard; celui sur la musique d'orgue de compositrices canadiennes où Karen Holmes a joué un extrait de la Suite brève op. 6 no 2 de Rachel Laurin, et finalement, celui sur la filière canadienne de Joseph Bonnet où la soprano Carolyn Sinclair et l'organiste Mark Toews m'ont fait découvrir ses oeuvres vocales religieuses. Nos organistes québécois nous ont fait honneur, notamment Denis Bédard dans l'interprétation des répertoires romantique et moderne (Mendelssohn, Bossi, Langlais, Tournemire et ses propres oeuvres), Marc-André Doran dans l'interprétation des oeuvres de J. S. Bach dont des extraits du Dogme en musique et Geneviève Soly dans l'interprétation du répertoire ancien (Redford, Arauxo, Bull, Tomkins, Sweelinck, Bach). Bruce Wheatcroft a, quant à lui, participé au concert des dix organistes des dix provinces canadiennes en tant que représentant du Québec. Rachel Laurin a interprété le Concerto pour orgue et orchestre de Raymond Daveluy en présence du compositeur, le National Academy Orchestra était sous la direction de Boris Brott. La musique canadienne a été bellement représentée au programme de ce congrès non seulement dans les programmes des concertistes cités plus haut, mais aussi par Patricia Phillips Wright qui a joué Denis Bédard, par Ken Cowan qui a joué de mémoire Healy Willan, par Patricia Young qui a joué Ruth Watson Henderson. Le concert « d'un océan à l'autre » réunissait dix organistes de dix provinces du Canada: Edward Norman (Colombie-Britannique), Marnie Giesbrecht (Alberta), Valérie Hall (Saskatchewan), Sylvia Scott-Wortley (Manitoba), Ian Sadler (Ontario), Bruce Wheatcroft (Québec), Michael Capon (Nouveau-Brunswick), James Burchill (Nouvelle-Écosse), Alan Reesor (Île-du-Prince-Édouard) et Patricia Young (Terre-Neuve) dans l'exécution d'un programme éclectique commençant par Padre Antonio Soler et se terminant par Weaver en passant par Johnston, Vierne, Graham, Dupré, Montgomery, Decker, Hakim. Quelle réalisation impressionnante! Les instruments utilisés étaient, sauf exception, des Casavant électro-pneumatiques. Malheureusement, l'acoustique des églises était généralement sèche. Un écran géant installé à l'avant de l'église permettait de bien suivre le jeu des concertistes. Pour clôturer le congrès, une magnifique cérémonie religieuse a été organisée en la chapelle du couvent des Sisters of Notre Dame: « Que toute la création, en dépit de sa diversité, s'unisse dans l'harmonie et que le chant de la Vie résonne sur toute la terre » avons-nous chanté. Nous nous sommes donné rendez-vous à Québec du 25 au 27 juillet de l'an 2000, où le Collège royal canadien des organistes de concert avec la Fédération québécoise des Amis de l'Orgue organisent la « rencontre du siècle! ». |
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| L'orgue sur le web par André Côté |
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| Nouvelles de Québec | |
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Avant le concert « portes ouvertes » du 2 octobre dernier, le président Gaston Paradis a rendu hommage aux fondateurs des Amis de l'orgue de Québec Inc., après avoir fait un court historique de l'organisme et de l'implication de chacun des fondateurs. Messieurs Antoine Bouchard, Pierre Boutet, Claude Lagacé et Claude Lavoie ont été présentés à l'assistance, tandis que les regrettés Mathias Pelletier, Normand Picard et Paul-Émile Talbot étaient respectivement représentés par mesdames Elisabeth Lavoie, Jeannette Picard Huppé et Yvette Talbot. Toutes ces personnes ont été chaleureusement applaudies par l'assistance. Lors de la réception qui suivit le concert, chaque fondateur ou sa représentante a reçu une plaque souvenir qui mentionnait ce qui suit: « Remerciements à (nom du fondateur) pour sa contribution exemplaire à la défense et à l'illustration de l'orgue. Les Amis de l'orgue de Québec Inc. 1999. » Gaston Paradis La 33ième saison des Amis de l'orgue de Québec a commencé lors des Journées de la culture à l'église Saint-Patrick avec un « Jeu d'orgue » de Pierre Bouchard, animé par Louise Fortin-Bouchard. Cette activité habituellement offerte aux écoliers a été présentée pour la deuxième année consécutive au grand public afin de lui permettre de faire plus ample connaissance avec l'instrument. Le 2 octobre, la série de récitals a été inaugurée avec brio par Benjamin Waterhouse aux Saints-Martyrs-Canadiens, lors du traditionnel concert « portes ouvertes » avec projection sur écran géant. L'invité des Amis de l'orgue a mis l'accent sur des transcriptions et sur des œuvres écrites plus pour le concert que pour le culte, comme la Pièce héroïque de Franck. Au moment où vous lirez ces lignes, les Amis de l'orgue auront accueilli à la Basilique (6 novembre) l'organiste français Olivier Vernet qui, à côté de pages familières de Buxtehude (Prélude et fugue en sol mineur) et de Bach (la Passacaille) a inscrit à son programme des oeuvres de Jacques Ibert et des compositeurs anglais Percy Whitlock et Herbert Howells. Très attendu est le concert de Noël, qui mettra en valeur le 5 décembre (14 h 30, aux Saints-Martyrs-Canadiens) le réputé Ensemble de musique sacrée de Québec, dirigé par Claude Lemieux, et l'organiste Nicole Lemieux. Le début de l'an 2000 sera lui aussi sous le signe de la diversité et de l'originalité, avec une conférence de Paul Cadrin sur l'orgue en Pologne (Salle Henri-Gagnon, 27 février, 14h30), le récital de la torontoise Karen Holmes (25 mars, aux Saints-Martyrs-Canadiens), celui de Laurent Martin, 2ième prix du Concours d'Orgue de Québec 1995 (6 mai à Saint-Roch), et le concert trompette et orgue avec Trent Sanheim, membre de l'orchestre symphonique de Québec et Dominique Gagnon, 2ième prix du Concours d'orgue de Québec 1998 (3 juin aux Saints-Martyrs-Canadiens). Nous reviendrons sur ces activités dans le prochain numéro de Mixtures. Enfin, que seraient les Amis de l'orgue sans leur traditionnel voyage annuel? C'est au Saguenay, le 22 octobre, qu'ils seront reçus par les organistes de la région, André Côté, Céline Fortin et Robert Girard. Le 15 octobre dernier, les Amis de l'orgue de Québec ont tenu leur assemblée générale, à l'issue de laquelle tous les membres du Conseil d'administration ont été réélus : Gaston Paradis, président; Claude Beaudry, vice-président; Michel Boucher, trésorier; Jean-Pierre Retel, secrétaire; Noëlla Genest, directrice artistique; Suzanne Boulet, Irène Brisson, Marc d'Anjou, Monique Dupuis, Louise Fortin-Bouchard, Paul Grimard, Geneviève Paradis, Richard Paré, Louise Provencher, Stéphane Saint-Laurent, conseillers. Irène Brisson |
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| Parutions récentes par Gaston Arel |
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| Anniversaires en musique par Irène Brisson | |
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Après John Blow, Louis-Nicolas Clérambault et Claude Balbastre, l'année qui s'achève nous réserve une surprise: alors que chacun s'apprête à souligner avec pompe les 250 ans de la mort de Bach, arrêtons-nous quelques instants à celle de son cousin Johann Bernhard Bach (1676-1759), un an plus tôt. Fils de Johann Egidius Bach, 18ème membre de la généalogie dressée par son illustre parent (Johann Sebastian étant le 24ème), il fut dès 1695 organiste à Erfurt où il est né, puis à Magdeburg avant de succéder en 1703 à son oncle, le très respecté Johann Christoph Bach à la Georgenkirche d'Eisenach. Là, dans le fief de la famille Bach, il se liera d'amitié avec Telemann et, sous l'influence de ce dernier, composera des suites pour cordes de style français, que Johann Sebastian prendra plaisir à faire exécuter plus tard à Leipzig. Comme organiste, il fut très estimé de ses contemporains et forma quelques élèves dont un autre parent éloigné, Johann Gottfried Walther, auquel nous devons d'avoir conservé quelques-unes de ses oeuvres pour orgue. Parmi elles, des fugues, des préludes de chorals et des partitas, une chaconne (enregistrée il y a une trentaine d'années par Wilhelm Krumbach). Si quelques oeuvres figurent dans des anthologies, ses manuscrits attendent encore, sauf erreur, une édition musicologique. Karl Geiringer, dans Bach et sa famille, lui consacre quelques pages qui nous donnent l'envie d'en savoir plus. Et, comme un Bach n'arrive jamais seul, voici son homonyme, Johann Bernhard (41ème de la généalogie), fils de Johann Christoph (22ème de la généalogie, frère aîné de Johann Sebastian, qu'il avait recueilli à la mort de leurs parents). Né à Ohrdruf en 1700, alors que son oncle de quinze ans venait de partir pour Lüneburg, Johann Berhard fut plus tard son élève à Weimar et à Cöthen (de 1715 à 1719) et occupa principalement le poste d'organiste dans sa ville natale. Il semble lui aussi avoir composé pour clavier, mais nous n'en savons malheureusement pas davantage. L'an 2000 sera riche en anniversaires touchant l'orgue: pour vous mettre en appétit, signalons le flamand Jean de Macque (né entre 1548 et 1550-1614) sur lequel je reviendrai dans le prochain numéro de Mixtures, et Aaron Copland (1900-1990), auquel son professeur Nadia Boulanger commanda une symphonie avec orgue (1924) qu'il remania en 1928 pour en faire sa première symphonie (sans orgue!). L'oeuvre est en trois mouvements (Prélude, Scherzo et Finale) et oscille entre des passages scolastiques d'une grande candeur et des traits de virtuosité dont la mise en place avec orchestre tient quelque peu de l'acrobatie. Chose certaine, l'oeuvre est très différente de la 3ème symphonie de Saint-Saëns! Pour terminer cette petite chronique, je vous pose une question très sérieuse: connaissez-vous la famille Strungk (ou Strunck)? Je réserve pour 2001 Delphin Strungk (1601-1694) et ses quelques pièces d'orgue publiées par Willy Apel. Plus célèbre est son fils Nikolaus Adam Strungk ( 1640-1700), organiste, violoniste, Kapellmeister, grand voyageur, qui eut l'honneur de rencontrer Corelli à Rome et de séjourner quelques temps à Vienne. Il se partagea entre sa ville natale (Braunschweig), Celle, Hanovre, Hambourg et enfin Leipzig et Dresde. S'il a exercé un rôle important dans le développement de l'opéra baroque allemand, il est également l'auteur de quelques pièces d'orgue et de clavecin qui auraient pu être connues de Bach qui fréquenta plus tard les mêmes villes que lui. Certaines ont été éditées dans le volume 27 de la monumentale collection de musique autrichienne (Denkmäler der Tonkunst in Österreich) et attribuées par erreur au compositeur viennois Georg Reutter. Sa musique témoigne de son attachement au style de l'Allemagne du sud et de l'Italie (ricercari, toccatas, usage subtil du chromatisme) et de son sens solide du contrepoint. En faisant mes recherches pour alimenter cette chronique, j'ai constaté combien de trésors pour orgue des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles recèlent les publications musicologiques qui s'entassent sur les tablettes de nos bibliothèques musicales: aussi, dès le prochain Mixtures me ferai-je un plaisir et un devoir de vous présenter régulièrement quelques compositeurs et leurs partitions à découvrir et à expérimenter. |
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| In Memoriam | |
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Une grande dame nous a quittés: Fabienne Arcand Piché, épouse de feu Bernard Piché. Elle est décédée le 31 juillet dernier à l'âge de 88 ans à la maison Albatros de Trois-Rivières. Aux funérailles qui ont eu lieu le 4 août à la cathédrale de cette ville, quatre organistes lui ont rendu hommage en se succédant à la console de l'orgue, et ce, à titre gracieux. De J.S. Bach, Gilles Rioux a joué le Prélude en mi mineur, BWV548, Suzanne Bellemare a joué le choral « Liebster Jesu, wir sind hier » BWV731, Raymond Perrin a joué l'Adagio de la Toccata, adagio et fugue en ut majeur. À la demande de la famille, Michelle Quintal a joué « By the Sea » de Bernard Piché. La Fantaisie en do majeur de César Franck a été jouée par Raymond Perrin comme pièce de sortie. (Raymond Perrin, lors de son récital à la Basilique de Cap-de-la-Madeleine, le 25 juillet dernier, avait interprété cette pièce et l'avait dédiée à madame Piché.) De nombreux parents et amis assistaient à la cérémonie religieuse présidée par le père Edmond Robillard, o.p. (qui avait connu le couple Piché à Lewiston, Maine) assisté de Mgr Claude Thompson. Avant de nous quitter, elle aura eu la fierté de voir l'oeuvre de son mari éditée, elle aura eu le plaisir d'entendre non seulement l'enregistrement de ses oeuvres, mais aussi l'enregistrement d'Ode Rigodon à Jean-Baptiste pour choeur et orgue que Gilles Rioux a composé sur le nom de Bernard Piché. Sans la présence à ses côtés de Fabienne Arcand, Bernard Piché aurait-il fait la carrière qu'il a faite? Michelle Quintal La grande organiste française, Marie-Madeleine Chevalier-Duruflé, épouse de feu Maurice Duruflé, est décédée à Paris le 5 octobre 1999, à l'âge de 78 ans. Née le 8 mai 1891, elle eut un Premier prix en orgue au Conservatoire national supérieur de Paris en 1949, dans la classe de Marcel Dupré. Elle épousa Maurice Duruflé en 1953 et devint co-titulaire des grandes orgues de l'église Saint-Étienne-du-Mont de Paris. Elle fit une grande carrière de soliste et enseigna à quelques organistes canadiens dont notre collègue Pierre Grandmaison. |
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| Revue des revues compilée par Gaston Arel |
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