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| Éditorial Des états généraux sur l'avenir de l'orgue et de la FQAO à l'automne 2002 |
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Par Gaston Arel, Président fondateur de la FQAO À l’automne 2001, le Conseil d’administration de la Fédération Québécoise des Amis de l'Orgue (FQAO) a amorcé une réflexion portant sur son avenir et sur celui de l’orgue au Québec. Depuis sa fondation, le 6 juin 1994, la FQAO a déjà accompli beaucoup de choses. Nous publions un bulletin de liaison, intitulé Mixtures, depuis 1994. Plus qu’un simple bulletin de liaison, Mixtures devient, au fil des ans, une véritable revue, les articles de fonds publiés y étant de plus en plus nombreux. Nous avons, de 1995 à 2001, tenu huit congrès annuels dans la plupart des régions du Québec, et ce, sans interruption (1995 - Québec; 1996 - Montréal; 1997 - Bas-Saint-Laurent; 1998 - Sainte-Foy; 1999 - Mauricie; 2000 - Québec; 2001 - Bois-Francs). Ces congrès marquent autant d’étapes importantes dans le cheminement et l’évolution de notre Fédération. Ils furent l’occasion de rencontres, de découvertes et de partages entre tous les intervenants du monde de l’orgue au Québec. Ils nous permirent de nous mieux connaître. Ils furent l’occasion de constater nos forces et nos faiblesses. Pour l’année 2002, le conseil d’administration a décidé de prendre une pause et de faire le point. C’est, en quelque sorte, l’heure des bilans, afin d’entrevoir les actions concrètes qui devront être menées à bon port par la Fédération dans les années à venir. C’est notamment pour cette raison qu’il n’y aura pas de congrès cette année. En effet, il apparaît salutaire de nous donner l’espace et le temps nécessaires à la bonne marche de la réflexion à laquelle vous serez tous conviés. La Fédération s’est donné pour mission d’être un organisme national, regroupant tous les intervenants du monde de l’orgue au Québec. En cela, la Fédération existe par et pour ses membres. Elle n’a aucune prétention à une existence autonome. Il ne s’agit donc pas d’en faire un organisme qui s’ajoute à tous les autres qui existent déjà; il s’agit d’en faire le rassembleur, le vecteur de nos actions communes qui revêtent une dimension nationale. À l’heure actuelle, la Fédération est représentative de l’ensemble des régions du Québec. Elle pourrait cependant l’être davantage. En outre, certaines associations ou sociétés de concerts connaissent des difficultés, compromettant dans certains cas jusqu’à leur survie. C’est le cas, par exemple, de l’association des Amis de l’orgue du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui a interrompu ses activités pour une période indéterminée. La Fédération pourrait également être représentative d’un plus grand nombre d’acteurs du monde de l’orgue. Pour cette raison, l’assemblée générale annuelle de nos membres, qui devrait se tenir au mois de juin prochain, constituera une première étape vers ces États généraux de l’automne 2002. On y proposera une modification en profondeur de nos statuts et règlements, notamment en ce qui concerne les diverses catégories de membres. Ces modifications auront pour objectif de refondre les catégories de membres existantes et d’en ajouter de nouvelles. Par exemple, les éditeurs de musique d’orgue, les facteurs d’orgues, les maisons d’enseignement et les fondations devront être représentés officiellement au sein de la Fédération. Les catégories actuelles de membres ne permettent pas une aussi large inclusion d’une manière qui soit satisfaisante. Par la suite, à l’automne 2002, tous les intervenants du monde de l’orgue et toutes les personnes intéressées par son avenir seront conviées à des « États généraux sur l’avenir de l’orgue au Québec et sur celui de la FQAO ». On peut déjà esquisser, à grands traits, les principaux éléments qui animeront nos discussions à cette occasion. D’abord, l’avenir de l’orgue est intimement lié à celui de notre patrimoine religieux. Depuis plus de dix ans, le ministère de la Culture et des Communications du Québec a injecté plus de 110 millions dans la restauration d’églises. Une partie importante de cet argent fut directement investie dans la restauration de nombreux orgues. De nouvelles restaurations d’instruments sont à prévoir. Or, avec la vague appréhendée de fermetures d’églises qui déferlera sur tout le Québec, il risque d’y avoir péril en la demeure à très brève échéance. En effet, il n’y a actuellement aucune ligne directrice quant aux temples qui doivent être préservés à titre de biens culturels d’intérêt public et ceux qui peuvent changer de vocation. Ainsi, des églises contenant des instruments importants, qui ont été parfois restaurés à même les fonds publics, pourraient fermer. La Fédération doit intervenir dès maintenant, dans la foulée des actions qui sont entreprises en vue de l’établissement d’une politique sur le patrimoine culturel par le gouvernement du Québec, afin de bien établir les critères qui permettront d’assurer la sauvegarde de nos instruments les plus importants. La tâche, en ce domaine, est immense. Par exemple, hormis le répertoire des orgues du Saguenay-Lac-Saint-Jean du regretté Joseph Guy Roy, nous ne disposons pas d’un inventaire complet de tous nos orgues du Québec, loin s’en faut. D’autre part, la revue Mixtures devrait devenir une véritable revue scientifique, avec comité de rédaction, comité de lecture et textes soumis pour publication provenant non seulement du Québec, mais de partout ailleurs. Des associations entre la Fédération et les institutions universitaires du Québec devraient être envisagées. Cela permettrait de mieux faire connaître l’orgue à de plus larges publics. De plus, des activités de promotion de la musique d’orgue à l’échelle nationale, notamment par l’entremise de congrès nationaux, devront être mises de l’avant par la Fédération. Voilà beaucoup de sujets de réflexion, auxquels d’autres pourront s’ajouter. En outre, pour se donner les moyens de ses ambitions, la Fédération devra trouver de nouveaux leviers économiques, afin de se doter d’une permanence. En effet, la Fédération ne pourra pas survivre qu’avec la seule bonne volonté des personnes qui s’y impliquent à temps perdu, bien qu’elle en sera toujours tributaire. Si nous voulons donner à l’orgue la vitrine qu’il mérite, il faudra cependant que la Fédération continue de grandir et de prendre de l’ampleur. Pour cela, l’action et le support de tous les intervenants du monde de l’orgue au Québec lui est indispensable. C’est à ce prix que l’orgue se donnera une voix qui risque d’être entendue et qui ne pourra que bénéficier à tous. |
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| Prix Opus: Gaston Arel et Bernard Lagacé honorés par Antoine Leduc |
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Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, deux figures de proue de notre monde de l’orgue furent honorées par le Conseil québécois de la musique (CQM), lors de son gala des prix Opus pour l’année 2000-2001, qui se tint à l’Usine C de Montréal le dimanche 25 novembre 2001. Gaston Arel se mérita le prix spécial du CQM et fut nommé « interprète de l’année », ce prix faisant suite aux deux récitals qu’il donna en mars 2001 à l’orgue Beckerath de l’église de l’Immaculée-Conception de Montréal, dans le cadre des célébrations entourant le 40e anniversaire de l’instrument dont il fut le premier titulaire. Ce prix lui fut attribué pour la très grande qualité artistique des deux récitals, afin de souligner la maturité de l’interprète. L’un des deux récitals de monsieur Arel, soit celui de la présentation intégrale de l’Orgelbüchlein de J.S. Bach, lui valut par ailleurs d’être finaliste pour deux autres prix Opus, soit celui attribué pour le concert de l’année donné à Montréal et celui du concert de l’année - Musiques médiévale, de la Renaissance, baroque. Bernard Lagacé se mérita, de son côté, le prix spécial du CQM pour l’événement discographique de l’année, décerné pour l’intégrale de l’œuvre d’orgue de J.S. Bach qu’il grava sur étiquette Analekta, enregistrée à l’orgue Beckerath de l’église de l’Immaculée-Conception, sur une période de dix ans. Le CQM a voulu souligner le travail colossal et l’héritage important que nous lègue monsieur Lagacé par cette réalisation d’envergure. Ces deux honneurs rejaillissent sur le monde de l’orgue et sur la FQAO à plusieurs titres. Nous voudrions offrir nos plus sincères félicitations aux deux lauréats, deux organistes formés par Conrad Letendre et André Marchal, tous deux originaires de Saint-Hyacinthe, qui auront laissé leur marque au sein du monde artistique québécois. Que leurs exemples inspirent les générations montantes ! |
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| Arthur Charlebois et ses disciples par Martin Yelle s.c. |
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Texte d’une conférence donnée dans le cadre du congrès « Orgue dans les Bois-Francs » tenu les 7-8 juin 2002, dans la chapelle des Frères du Sacré-Cœur de Victoriaville. Bonjour à chacun et à chacune, Ce matin, nous aurons le plaisir de parcourir rapidement la vie et l'oeuvre de quelques musiciens éducateurs qui ont marqué la vie musicale dans les Bois-Francs particulièrement à Arthabaska ainsi que dans cette maison même où nous nous trouvons aujourd'hui. Notre survol va s'arrêter à quatre personnes : Arthur Charlebois, Léopold Lemieux (F. Barnabé), Herménégilde Tellier (F. Justin) et Yves Granger qui se trouve parmi nous ce matin. Parlons tout d'abord d'Arthur Charlebois. Arthur Charlebois est né à St. Albert en Ontario en 1896. À l'âge de 8 ans le jeune Arthur est dirigé vers l'Institut Nazareth de Montréal pour approfondir un talent naturel pour la musique. Durant ces années il aura plusieurs maîtres dont Arthur Letondal pour l'orgue et le piano. À l'âge de 11 ans, on le voit organiste à l'église St-Joseph de Bordeaux, mais malheureusement, on dit que ses petites jambes ne peuvent pas encore utiliser le pédalier de l'orgue! À 15 ans, il accompagne une chorale de 800 voix à l'occasion d'une exposition internationale pour le bien-être de la jeunesse au Manège militaire de Montréal. En 1914, à l'âge de 18 ans, il se fait offrir le poste de professeur de musique au Collège Commercial de Victoriaville des Frères du Sacré-Cœur. Deux ans plus tard, il se dirige à Arthabaska où il devient professeur de musique au Collège St-Joseph des Frères des Écoles chrétiennes. En 1922, Arthur Charlebois devient organiste à l'église St-Christophe d'Arthabaska. Durant sa carrière de professeur, il accueillera environ 400 élèves, garçons et filles de la région, organistes, religieuses, etc... Il fut le maître de deux Frères du Sacré-Cœur qui obtiendront le grade de docteur en musique : le F. Barnabé (Léopold Lemieux) et le F. Justin (Herménégilde Tellier). C'est dans les années '40 que la carrière d'Arthur Charlebois atteint son apogée. Il compose son oratorio Mariæ Gloriæ ( à la gloire de Marie), projet de doctorat qui obtiendra la note « Grande Distinction ». L'exécution intégrale de cette oeuvre se déroulera dans l'église d'Arthabaska en 1943 devant un auditoire de 1000 personnes. La mémoire prodigieuse de M. Charlebois permet à cet organiste aveugle de jouer l'oratorio d'une durée de deux heures sans partition. Cet oratorio se transformera par la suite en pageant qui prendra la route du Québec passant entres autre par l'Oratoire Saint-Joseph et la cathédrale de Saint-Hyacinthe. Soulignons également que M. Charlebois fut un poète reconnu. En 1929, il devient membre de la société des poètes du Canada et c'est lui qui compose le libretto qui servira de base au doctorat du F. Barnabé : Les Prémices, comprenant 1427 vers alexandrins répartis en 40 chants. Arthur Charlebois décède à Arthabaska, en 1952, à l'âge de 56 ans. Un autre musicien important pour la région et qui a marqué une multitude de jeunes sur le plan musical est Léopold Lemieux. Né à Verdun en 1908, il sera appelé à déménager souvent tout au long de son enfance, suivant le parcours de l'installation de la boutique de cordonnier de son père : Montréal, Lyster, Thetford Mines et finalement Victoriaville en 1919. Il fréquente à Victoriaville l'Académie Saint-Louis-de-Gonzague dirigée par les Frères du Sacré-Cœur. Il chante dans la maîtrise de l'église Sainte-Victoire où il aura la chance de côtoyer Lucien Daveluy. En 1921, il fait son entrée au Juvénat d'Arthabaska. En communauté, la carrière de celui qu'on appelait alors F. Barnabé, fut avant tout musicale. Dès ses premières années d'enseignement, il a à cœur de poursuivre la première formation musicale qu'il avait reçue durant ses années de formation sous la direction du F. Benjamin. En plus d'être maître de classe, il dirige des petites maîtrises et assure l'accompagnement de certains offices à l'orgue de la cathédrale de Sherbrooke (il a 18 ans à cette époque) puis de 1926 à 1934 à l'église de Stadacona à Québec. À Montmagny, il devient professeur de musique et est directeur d'un petit ensemble instrumental. Ces premières armes en musique se spécialisent à partir de 1936, date de son retour à Arthabaska. Il entreprend des études musicales plus avancées auprès d'Arthur Charlebois, il a 29 ans et va brûler des étapes. À l'Université de Montréal il passe le lauréat en 1938, le baccalauréat en piano et orgue en 1939, la licence en contrepoint, fugue et composition en 1940, tout cela en maintenant son apostolat d'organiste et de professeur de musique. C'est en 1940 que. le F. Léopold Lemieux entreprend la composition de son doctorat en musique. Cet oratorio en l'honneur des saints martyrs canadiens, intitulé Les Prémices, lui vaut le grade de docteur en musique en 1948. Le texte est d'Arthur Charlebois... L'œuvre, pour choeur, solistes et deux pianos, couvre quatre cents pages et est d'une durée de trois heures. Par la suite, le F. Lemieux continuera à perfectionner l'orgue aupres d'Eugène Lapierre. Il suivra également des cours de technique vocale auprès d'Alice Raymond de Montréal. En 1953, après un stage de formation communautaire à la maison générale de Rome, il s'arrête en France pour se perfectionner auprès d'organistes célèbres dont Gaston Litaize. Il fera également un séjour de perfectionnement en grégorien à l'abbaye de Solesmes. Il occupe plusieurs postes par la suite, toujours dans le domaine de la musique. Notons son passage au Campus Notre-Dame-de-Foy de 1966 à 1975. Les œuvres musicales du F. Barnabé comptent des centaines de titres : harmonisations de folklores, pièces d'orgue, de piano, pour choeurs, pour orgue et piano, etc... Jusqu'en 1983 il composera plus de 300 pièces pour orgue destinées à la liturgie ici même dans cette chapelle. En 1983, il est foudroyé par une attaque de paralysie qui le prive de la pratique de ses instruments de prédilection: l'orgue et le piano. J'étais moi-même étudiant dans cette maison à cette époque et je me souviens encore entendre le F. Lemieux refaisant l'apprentissage des gammes sur l'orgue. Il décède en 1992, laissant derrière lui des œuvres musicales considérables et un foule de disciples qu'il a formés avec patience et pédagogie. Un autre musicien pédagogue de la « descendance » d'Arthur Charlebois mérite d'être souligné, il s'agit d'Herménégilde Tellier (F. Justin). Né à Saint Eugène de Grantham en 1909, il s'initie à la musique à l'école du village dirigée par les soeurs de l'Assomption. En 1921, la famille déménage à Cap-de-la-Madeleine où le jeune homme fréquente l'académie tenue par les Frères du SacréCœur. En 1924, il arrive au Juvénat d'Arthabaska, l'année suivante il est admis au noviciat. Son apostolat comme éducateur va se vivre à différents endroits par la suite: Sherbrooke (Sainte-Thérèse), Rimouski, Sherbrooke (Centre), Québec (Saint-Esprit). De 1935 à 1957, il devient professeur de violon, de piano et directeur de la fanfare du Collège de Victoriaville (aujourd'hui devenu le Cégep de Victoriaville). Durant ces années à Victoriaville il se perfectionne en musique auprès d'Arthur Charlebois. C'est en 1947 qu'il devient docteur en musique avec la note « grande distinction ». Son œuvre, un oratorio pour choeur, solistes, orchestre symphonique et piano concertant est intitulée Le paradis perdu sur un texte d'Édouard Blau. Un musicien d'alors à donné le commentaire suivant sur cette œuvre : « Outre la partition du chant, où l'auteur se révèle mélodiste consommé le travail comporte un accompagnement pour piano et une orchestration fort brillante. C'est probablement l'une des plus grandes œuvres musicales produites par un Canadien français. » Outre cette ceuvre colossale, on sait qu'il produisit environ 400 œuvres pour piano, orgue et fanfare en plus d'un grand nombre d'arrangements et d'harmonisations, malheureusement il nous reste peu de choses de tout cela. Herménégilde Tellier est reconnu comme un musicien dans l'âme, on le disait un pianiste virtuose. Il était l'organiste en poste au Collège de Victoriaville, on dit que son accompagnement de la liturgie était marqué par son sens de la beauté. Un confrère qui dirigeait le chant au Collège à cette époque, le F. Claude Cloutier, me disait que le F. Justin pouvait, avec sa façon d'accompagner, mettre du soleil dans les jours gris et gonfler le torse des jeunes collégiens pour les faire chanter à plein poumon. D'une santé plutôt fragile et délicate, il décède en 1974 après des problèmes de santé. Pour terminer ce portrait de la descendance d'Arthur Charlebois, nous passons a une autre génération, le F. Yves Granger, ici présent, un disciple du F. Léopold Lemieux. Originaire de St-Majorique près de Drummondville, Yves Granger commence rapidement des études musicales, particulièrement en piano. Au juvénat d'Arthabaska, il a le F. Léopold Lemieux comme professeur de musique. En 1966, Yves Granger se rend à l'école normale du Campus Notre-Dame-de-Foy pour y poursuivre sa formation pédagogique. Le F. Léopold Lemieux est de l'équipe de ce Campus communautaire. La formation musicale du F. Granger se poursuit donc auprès du même maître jusqu'en 1971. Durant ces années de formation, Yves Granger se distingue comme pianiste et organiste. En 1972, il commence sa carrière musicale et pédagogique à la polyvalente de Saint-Prosper en Beauce où il enseigne la musique de 1972 à 1977. En 1978, il publie ses premières œuvres, l'année même où il est engagé par le Centre de formation liturgique ALPEC à Québec. Il œuvra au sein de cette équipe pendant six ans comme animateur liturgique dans les diocèses francophones du Canada. Comme responsable musical au sein de cette équipe il réalisa plusieurs enregistrements et publia diverses sélections de chants. Il fut entre autre en relation avec Antoine Bouchard lors de l'édition de l'Anthologie de l'organiste et de la série de disques sur les orgues anciens du Québec. En 1988, il arrive au Collège d’Arthabaska après un baccalauréat en technique d'écriture musicale à l'Université de Montréal. Jusqu'en 1999, il est directeur d'harmonie et donne des cours privés d'instrument au secondaire. Il est maître de chapelle et organiste à la Maison d'Arthabaska dans cette chapelle où nous nous trouvons ce matin. Ce lieu a été le témoin d'une multitude d'initiatives sur le plan musical : création en 1989 du chœur Arthur- Charlebois avec Jacques Martel, production de plusieurs concerts avec ce chœur de plusieurs oeuvres d'Arthur Charlebois dont la messe Fons Bonitatis pour chœur et orgue. En 1996, pour souligner le centenaire de la naissance d’Arthur Charlebois, une grande fresque musicale est préparée avec des interviews de personnes ayant côtoyé ce musicien, on présente de larges extraits de l'oratorio Mariæ Gloriæ, Yves Granger est au cœur de ces initiatives et passe de longues heures à reconstituer, à partir des partitions vocales, les accompagnements pour orgue. En 1997, année célébrant le 125e anniversaire de l'arrivée des Frères du Sacré-Cœur au Canada, le F. Yves est le promoteur du dossier de restauration de l'orgue de cette chapelle qui se voit augmenté d'une extension de 8' à la pédale et d'un combinateur électronique à huit niveaux de mémoire. Suite à cette restauration un enregistrement : Louange de mes lèvres qui est réalisé par le chœur Arthur Charlebois et Yves Granger à l'orgue. Cette production présente des psaumes et des cantiques pour choeur et orgue de Léopold Lemieux, Herménégilde Tellier et Yves Granger. En 1999, un autre enregistrement est réalisé par le même choeur d'oeuvres d'Yves Granger : Au rendez-vous de Jésus-Christ présente des œuvres pour usage liturgique pour chœur et assemblée avec accompagnement. Depuis septembre 2000, Yves Granger est responsable de la pastorale des jeunes adultes (18-35 ans) au diocèse de Nicolet. Voici qui met fin à ce survol de quatre musiciens de notre région. Espérons que nous pourrons entendre de plus en plus d'œuvres de ces musiciens ici dans notre région et, pourquoi pas, un peu partout au Québec. |
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| L'orgue et la philatélie par Benoît Carrier |
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![]() Où trouve-t-on des orgues? La réponse semble évidente : églises, salles de concert. Mais savez-vous que j’en ai trouvé sur des timbres-poste. Bien sûr ce sont surtout les instruments européens qui y sont illustrés. Pour sa part, le Canada n’a consacré jusqu’à présent qu’un seul timbre : l’organiste-compositeur Healy Willan à la console de son orgue torontois. Parfois l’orgue est une représentation symbolique (France) mais il peut être relié à la salle ou l’église où il est construit comme à Riga en Lettonie (sur un timbre émis par la poste russe). La célébration d’un anniversaire d’un compositeur nous aide à reconnaître l’instrument dont il s’agit, comme sur le timbre (Autriche) dédié à Albrechtsberger : l’orgue de Klosterneuberg dont il était le titulaire. Sur un timbre autrichien on trouve également celui installé dans la « Musikverein » (salle de concert) de l’Académie de Vienne. La liste est longue… Les philatélistes dont je suis s’intéressent également aux timbres qui illustrent des compositeurs, des interprètes. Pour enrichir le sujet, on peut également y ajouter des illustrations sur les lieux où vécurent ces musiciens. Des oblitérations spéciales soulignent de temps à autre certains festivals d’orgue. Tout cela constitue un complément pour les collectionneurs. À cela, pourquoi ne pas adjoindre des cartes postales montrant un buffet ou un orgue célèbre. Cette pratique est courante particulièrement en Europe où la plupart des églises se font un point d’honneur d’avoir une carte postale de leur orgue. Ne trouvez-vous pas que ce passe-temps est aussi « royal » que l’instrument qui l’inspire ? |
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| Ligue d'improvisation à l'orgue dans la région de Québec par Irène Brisson |
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Une journée sans plaisir, sans joie, sans réelle satisfaction est une journée perdue. (Eisenhower) Il fallait y penser : créer une ligue d’improvisation à l’orgue! C’est à Régis Rousseau, le dynamique organiste de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus de Montréal que l’on doit cette initiative. Pour sa première saison, la LIO s’est fait entendre à Montréal, à Trois-Rivières, à Québec et à Lévis. J’ai eu le plaisir de l’entendre le 1er mars à la basilique Notre-Dame de Québec et je dois dire que j’ai passé une soirée passionnante et très agréable. En quoi consiste un match d’improvisation? Le principe s’inspire du modèle des ligues d’improvisation théâtrale qui prennent elles-mêmes leur source dans les joutes de hockey. Tout y est : le chandail numéroté et identifié à l’équipe, les rayures de l’arbitre, le sifflet, le maître de cérémonie à la voix très officielle. À quand l’hymne national, pour faire encore plus vrai? Tout cela dans une église? Qu’on se rassure : l’humour et le style sportif se font dans le plus grand respect des lieux qui les accueillent. En ce qui concerne le match, qui comprend deux périodes, des thèmes d’improvisation sont annoncés et chaque équipe doit en moins d’une minute se concerter. Les improvisations durent un maximum de trois minutes par équipe et c’est le coup de sifflet de l’arbitre qui en annonce la fin. Des pénalités sont attribuées aux délinquants de tout genre : non respect du coup de sifflet ou des directives de l’arbitre, caucus trop long, etc. À Québec, où l’équipe locale « Québec-Lévis » accueillait Trois-Rivières, l’arbitre, Alain Leblond (compositeur et organiste-titulaire à Chalmers-Wesley) a tout de suite mis cartes sur table en déclarant solennellement, avec cet humour pince-sans-rire qu’on lui connaît : « Ici, il y a Dieu, et il y a moi ». C’est clair, on ne discute pas les décisions de l’arbitre! Les deux équipes étaient constituées de Dany Wiseman (capitaine), de Marc D’Anjou et de Martin Gravel, pour Québec-Lévis, et de Claude Beaudoin (capitaine), Philippe Bournival et Martin Brossard pour Trois-Rivières. Nous avons eu droit à un match coloré, plein d’esprit et avec, bien sûr, quelques protestations lors de pénalités. Pour les improvisateurs, quel défi : il faut vite « retomber sur ses patins », car les styles demandés pouvaient aller du langage médiéval à Max Reger ou Arvo Pärt, en passant par Jean Langlais, et les thèmes avaient des résonances classiques ou populaires (Passe-partout), sans oublier le jazz. Que faire lorsqu’on vous demande de vous inspirer de l’archange saint Michel terrassant le dragon, d’un crépuscule lunaire ou d’une journée d’élections (à grand renfort d’hymnes nationaux)? Tout un exploit qui nécessite à la fois beaucoup de rapidité (choisir la manière de répondre à la commande), de connaissance des styles, d’imagination, d’humour, de concertation entre les coéquipiers, le tout combiné à une solide technique. C’est le public qui devait, après chaque épreuve (il y en a eu huit par période) choisir l’équipe gagnante, en s’en tenant à la qualité des improvisations plutôt qu’à l’esprit de clocher. L’équipe de Québec-Lévis l’a emporté par 11 à 8! Deux étoiles ont été attribuées, la première à Dany Wiseman, qui s’est montré particulièrement impressionnant par son sens des couleurs et sa grande virtuosité, la seconde à Philippe Bournival, qui a fait preuve de beaucoup d’imagination et de suite dans les idées. Claude Beaudry, vice-président des Amis de l’orgue de Québec, a assisté le 22 mars au match tenu en l'église Notre-Dame de Lévis, et je lui dois les renseignements suivants : l’arbitre était Raymond Perrin (organiste à la basilique du Cap-de-la-Madeleine et professeur au Conservatoire de Trois-Rivières), l’équipe de Québec-Lévis a remporté la victoire sur celle de McGill, composée de Philippe Bélanger (capitaine), Dominique Lupien et Ryan Enright. Les étoiles ont été décernées aux capitaines Dany Wiseman et Philippe Bélanger. Le prochain match éliminatoire aura lieu le 5 avril à la basilique de Québec. Pareille initiative devrait contribuer, souhaitons-le, à relancer le goût de l’improvisation chez les organistes, et particulièrement chez les jeunes diplômés de ces dernières années. |
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| Nouvelles de Québec par Irène Brisson |
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Les Amis de l'orgue de Québec ont abordé l'an 2002 avec une enrichissante conférence d'Antoine Bouchard sur Pachelbel (17 février) suivie, le 23 mars, d'un fascinant concert présenté sur écran géant par Rachel Laurin aux grandes orgues de l'église des Saints-Martyrs-canadiens. Dominé par ses éblouissantes transcriptions de la Fantaisie chromatique et fugue de Bach et des Variations et fugue sur un thème de Händel de Brahms, ce concert a également mis en valeur deux oeuvres de Marcel Dupré, dont les redoutables Esquisses op.41, et des pages lumineuses de Rachel Laurin, sans oublier une improvisation sur des thèmes grégoriens. La saison se poursuivra le 28 avril à 14 heures (aux Saints-Martyrs) avec le concert du lauréat du concours d'orgue de Québec 2001, Erik Reinart, et prendra fin avec un duo orgue et hautbois, composé de Richard Paré et de Philippe Magnan. Soulignons que Richard Paré, organiste-titulaire de l'orgue des Saints-Martyrs et claveciniste des Violons du Roy a entamé sa première année comme professeur d'orgue, de clavecin et de musique ancienne à l'Université Laval. Les 10 et 11 mai, les Amis de l'orgue de Québec feront leur excursion annuelle, qui les conduira cette fois en Outaouais. Pas moins de sept concerts les attendront en chemin, de Repentigny à Oka, avec bien entendu, la cathédrale d'Ottawa et quatre églises et chapelles de la capitale nationale. Les organistes invités seront Luc Beauséjour, Sylvain Barrette, Thomas Annand, Gilles Leclerc, Matthew Larkin, Dany Wiseman et Gaston Arel. Inutile de préciser qu'avec une telle programmation, à peine annoncé, le voyage a affiché complet! |
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| Anniversaires en musique par Irène Brisson |
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2002 est une année particulièrement inspirante pour les organistes : elle commence par le dixième anniversaire de la mort d’Olivier Messiaen (1908-1992), qui éclipse quelque peu celle du Toulousain Xavier Darasse (1934-1992), compositeur et pédagogue respecté, dont la carrière d’organiste fut brutalement interrompue par un accident, et se poursuit avec le centenaire de la naissance de Maurice Duruflé (1902-1986), lui aussi victime d’un terrible accident de voiture. Outre son célèbre Requiem de 1947, Duruflé laisse quelques oeuvres marquantes pour orgue, comme le Scherzo op.2, le Triptyque sur le Veni Creator op.4 et la Suite op.5. Rappelons également qu’il créa la Sixième Symphonie de Vierne (1934) ainsi que le Concerto pour orgue de Poulenc (1939). En remontant le temps, voici le Bavarois Johann Ernst Eberlin (1702-1762), dont les fugues pour clavier ont intéressé Mozart lorsque, vers 1782, il se passionna pour le contrepoint baroque et s’enthousiasma pour Bach et Hændel. Organiste de la cathédrale de Salzbourg puis maître de chapelle, il composa beaucoup d’œuvres religieuses, dont une centaine de messes. Sa musique pour orgue comprend notamment 9 Toccatas et fugues très inventives sur le plan contrapuntique (qui ont fait l’objet d’un premier enregistrement chez ASV par David Titterington, CD GAU 177), et 65 petits préludes et postludes (qu’il appelle Finale) dans les huit tons d’église, composés peut-être vers 1740. Ces courtes pages à vocation sans doute pédagogique, éditées en deux cahiers chez Doblinger en 1972, témoignent de l’attachement d’Eberlin au contrepoint. Elles sont dans la lignée de l’école méridionale austro-allemande de Kerll, de Pachelbel, et de Gottlieb Muffat, le fils de Georg. Les préludes et les finale encadrent une série de versets fugués d’une dizaine de mesures, qui ont la particularité d’être présentés sous leur forme droite et inversée (en miroir), comme on en trouvera dans l’Art de la fugue de Bach. 1702, qui vit naître Eberlin, vit aussi mourir un des plus importants organistes de la cour de Louis XIV, Nicolas Lebègue (1631-1702), trop célèbre pour qu’on s’étende sur le sujet, et dont les trois livres pour orgue exercèrent une influence considérable sur la génération suivante et dont on retrouve quelques pages dans le Livre d’orgue de Montréal. Éclipsé aux yeux des musicologues par son frère aîné Johann Philipp, mais tenu en haute estime par ses contemporains, l’organiste allemand Johann Krieger (1652-1735) naissait il y a 350 ans, ou plutôt, fut baptisé le 1er janvier 1652. Je lui consacrerai quelqueslignes dans le prochain numéro de Mixtures. Enfin, en allant jusqu’à la Renaissance, on ne peut ignorer le rôle joué par Pierre Attaingnant dans le développement de la musique instrumentale française, et en particulier de celle pour clavier. Mort entre 1551 et 1553 (le Grove, le Guide de la musique d’orgue et les Éditions Le Pupitre divergent sur ce point), Pierre Attaingnant (né vers 1494) fut un pionnier de l’édition musicale française et un marchand de musique établi à Paris, rue de la Harpe. Il commença à publier dès 1525 des recueils de chansons polyphoniques et des compositions religieuses de ses contemporains franco-flamands, ainsi que des tablatures pour divers instruments. En 1531, il édita pas moins de sept livres pour clavier : quatre sont consacrés à des transcriptions de chansons et trois concernent davantage l’orgue (même si les titres incluent également les espinetes et manicordions) puisqu’ils comprennent deux messes, des Magnificat dans les huit tons, un Te Deum et treize motets, ainsi que quelques préludes. Ces trois volumes, qui ont été publiés en 1930-1931 par Yvonne Rokseth, ouvrent la voie à toute l’école d’orgue française de la Renaissance et du début du XVIIème siècle. Le contrepoint rigoureux et logique des messes et des motets prépare en effet le terrain à Jehan Titelouze, et l’alternance prévue de versets en plain-chant et de versets d’orgue sera perpétuée par les organistes français au moins jusqu’à Boëly. Fait assez rare, la messe Fons bonitatis met en musique le Credo. Si la plupart des œuvres pour orgue publiées par Attaingnant sont manifestement des transcriptions de compositions vocales sacrées, les préludes savamment ornés semblent être originalement destinés aux claviers. Une grande énigme subsiste cependant : on ignore toujours qui sont les auteurs de la plupart de ces transcriptions et de ces préludes. Attaingnant a-t-il mis la main à la pâte ou s’est-il contenté d’imprimer cette belle musique? |
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| L'orgue sur le web par André Côté |
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Avec la profonde réorganisation qui affecte déjà bon nombre de paroisses du Québec (diminution du nombre de pratiquants, regroupements de communautés, fermetures d’églises), il y a fort à parier que, dans les années à venir, le « marché de l’orgue usagé » sera en pleine effervescence. On peut alors sans craindre avancer l’hypothèse que des églises condamnées à la fermeture voudront se départir de leur orgue, et que d’autres qui n’ont pas d’instruments ou veulent améliorer leur sort, pourraient flairer de bonnes affaires. Cette situation m’amène à faire ces quelques suggestions :
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| Dans le monde du disque par Gaston Arel |
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| Revue des revues compilée par Gaston Arel |
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